Côte d’Ivoire: quand les jassides menacent la sécurité alimentaire

Les jassides, insectes ravageurs, ont déjà dévasté 52% de la production du pays, affirme le CNRA, le Centre national de recherche agronomique le plus important d’Afrique de l’Ouest, à RFI. Chose préoccupante : les attaques dévastatrices de jassides s’étendent désormais aux cultures vivrières, du jamais vu, ce qui inquiète très fortement les autorités ivoiriennes.

Jean-Louis Konan Konan est un homme inquiet. Le directeur de recherches du Centre national de recherche agronomique (CNRA) n’avait jamais vu cela en 25 ans de carrière. Près de 110 000 cultivateurs sont touchés et plus de la moitié des superficies de coton, ravagés, même si la situation serait sous contrôle concernant le coton, d’après Jean-Louis Konan Konan. « Jusqu’à fin 2022, nous avions plus de 52% du verger national de coton qui a été affecté. Sur une prévision de 492 000 hectares de plantations, on a perdu près de 52% du coton de Côte d’Ivoire. »

En plus de faire des ravages sur les cultures cotonnières, les jassides se sont désormais étendues aux maraîchers ivoiriens rendant non comestibles certains légumes. Les équipes de Jean-Louis Konan Konan ont constaté leur propagation dans les zones de Yamoussoukro, Korogho ou encore Bouaké. « Au niveau des cultures maraîchères, ce sont les aubergines et les gombos qui ont été très affectés. Dans la zone centre et dans la zone centre-nord, on estime à 20% les pertes de productions, ce qui fait que ces produits sont très chers sur le marché. »

En une semaine, leur prix a doublé, de 1 000 francs CFA à 2 000. Et les jassides s’étendent aussi à la roselle, au kenaf, au manguier, à l’anacardier, au karité, au soja, à l’igname, l’arachide, l’amarante ou encore la patate sans causer pour le moment causer de dégâts.

Le risque d’une culture impropre à la consommation

Mais le pire est à venir, redoute le CNRA. Seule solution : deux insecticides homologués à épandre sur les semences et non sur les plantes. « La première chose, c’est la sensibilisation. Il faudrait que les producteurs sachent que le danger est là. Et qu’ils doivent respecter la consigne de la recherche en traitant tous les semis, les semences qu’ils vont utiliser. De deux : il faut éviter de faire à proximité des plantations de coton votre culture maraîchère ou en association. De trois, il ne faut pas systématiquement utiliser de produits chimiques du coton sur les cultures maraîchères qui sont à maturité ou au stade floraison. »

Car sinon, les cultures vivrières et maraîchères seraient impropres à la consommation. Enjeux : la sécurité alimentaire et l’emploi agricole en Côte d’Ivoire. « Si on ne fait rien, il y a un risque de destruction des cultures vivrières, des cultures maraîchères. Et ça, la sécurité alimentaire en dépend directement. Si on passe à 50, à 70% d’attaques comme on l’a vu sur le coton, mais c’est la sécurité alimentaire qui est très menacée. »

Voilà pourquoi le CNRA sonne la mobilisation générale contre les jassides en Côte d’Ivoire.

RFI

admin

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