• 19 avril 2024

En matière d’écologie, la Côte d’Ivoire n’a rien à envier aux pays européens

Par François Thomas, journaliste, directeur de publication Brune

Décidé à limiter les effets du réchauffement climatique sur la Côte d’Ivoire, le gouvernement d’Alassane Ouattara a annoncé le rehaussement de son ambition climatique lors de la COP 27.

L’année 2022 restera gravée dans la mémoire des habitants de Grand-Bassam qui, dans le quartier historique de France, se sont réveillés en octobre dernier avec plusieurs dizaines de centimètres d’eau dans leurs habitations. Prise entre la lagune et la mer, la cité historique commence à craindre fortement pour les fondations de ses plus beaux vestiges, classés au patrimoine de l’Unesco et qui se fissurent lentement sous la pression des eaux.

À quelques encablures, à Abidjan, aucun quartier n’est épargné par les conséquences des pluies diluviennes qui s’abattent avec une violence inhabituelle, bousculant le rythme des saisons et entraînant parfois la mort. En janvier, six personnes ont péri sous les flots, et en juin, 19 décès ont été signalés à la suite d’inondations. C’est dire si les catastrophes climatiques en Afrique et singulièrement en Côte d’Ivoire, ont déjà un visage.

L’Afrique se retrouve un peu moins seule après la COP 27

La création d’un fonds spécifique pour les pertes et préjudices a été une actualité importante pour les pays africains,  lors de la COP 27. « On a gagné une bataille, mais pas la guerre », a, de son côté, applaudi Alpha Kaloga, coordonnateur du groupe africain à la COP27. « Le fonds sur les pertes et les préjudices, c’est un tabou de 30 ans qui est cassé aujourd’hui ». L’accord signé sur la nécessité de se solidariser financièrement avec les pays les plus vulnérables face aux changements climatiques est assurément une première. Ce mécanisme où les pays du Nord, les plus pollueurs de la planète reconnaissent leur dette écologique aura des conséquences financières concrètes. « Pour réussir, les parties prenantes à la COP27 doivent vite s’atteler à combler les lacunes du financement climatique en Afrique – 108 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 -, prendre des mesures concernant le Fonds « pertes et dommages » et entamer des discussions sur les réformes de nature à adapter les flux des financements climatiques à la vulnérabilité climatique croissante des pays » a précisé en Égypte le vice-président de la Banque africaine de développement, Kevin Urama.

Pendant ce temps-là, le Continent perd entre 5 % et 15 % de croissance de son PIB par habitant (source Fondation Mo Ibrahim) en raison des conséquences du changement climatique. Autant de données qui sonnent l’urgence de la riposte et sont une invitation à rester particulièrement proactif. Abidjan, qui pollue sept fois moins que Berlin, s’est déjà retroussée les manches

En 2035, 42% de l’électricité ivoirienne sera renouvelable

« La Côte d’Ivoire a décidé de rehausser son ambition climatique, a averti son vice-président Tiemoko Meyliet Koné dépêché à Charm El Cheick, à travers ses nouvelles contributions au niveau national, afin d’œuvrer pleinement à la préservation de notre planète. Mon pays entend ainsi réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30,4 % d’ici 2030. Ramener et porter le taux de couverture forestière de 10 % actuellement à 20 % en 2030 ».

Outre la protection de son poumon vert, c’est sur le terrain de la production d’électricité propre que le pays des Éléphants est engagé. La Banque mondiale annonce qu’en 2035, 42 % de l’électricité ivoirienne sera issue des énergies renouvelablesDans l’optique dedevenir un futur hub énergétique dans la région du grand ouest africain, de grands moyens ont été déployés avec leur lot de chantiers. Plusieurs travaux d’envergure sont en cours ou en prévision comme la construction du barrage hydroélectrique de Gribo-Popoli ; celle du barrage de Singrobo-Ahouaty ou l’édification de la centrale à biomasse « Biokala » alimentée par des résidus de palmier à huile. Des réalisations qui font échos aux propos du président Alassane Ouattara qui a mis les questions de transition verte et écologique en premières lignes de son agenda. En mai dernier, le chef de l’État a déclaré à l’ouverture de la COP15 consacrée à la lutte contre la désertification : « Nos peuples fondent beaucoup d’espoir sur nous. Nous n’avons pas le droit de les décevoir. Agissons vite, agissons ensemble pour donner une nouvelle vie à nos terres »

Former les Ivoiriens aux métiers de demain

Des objectifs qui, traduits dans l’action gouvernementale, ont un effet d’entraînement sur le front de la formation de la jeunesse. En juin dernier, le Premier ministre Patrick Achi posait la première pierre du Centre de formation aux métiers des énergies renouvelables de Yopougon. Et expliquait : « Ces métiers seront des clés pour l’avenir, celui de notre pays comme de notre continent, et favorisent ainsi une très bonne et très durable insertion de notre jeunesse, dans la vie active et dans la vie tout court ».

La Côte d’Ivoire a complètement intégré dans son logiciel de gouvernance qu’il est impossible d’agir hors des cadres écologiques et environnementaux mondialement admis et entend bien faire figure d’exemple dans la zone UEMOA.  Elle peut s’appuyer sur le programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP) mis en place en 2021. Une initiative à 25 milliards de dollars conduite concomitamment par le Global Center on Adaptation (GCA) et la Banque africaine de développement (BAD) en collaboration avec l’Union africaine (UA). Elle servira de béquille pour soutenir les plans nationaux de développement à condition, comme le souligne Youba Sokona, expert scientifique malien, vice-président du Groupe Intergouvernemental d’Expert sur l’évolution du Climat (GIEC) depuis octobre 2015,  que «  sur le climat, l’Afrique évite le piège du mimétisme avec les occidentaux ». Une prophétie en forme d’avertissement.

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