Le coût bas du gasoil russe importé ne se répercute pas sur les prix à la pompe

Ce serait une remarquable lapalissade que d’avancer que le gasoil russe soit bon marché ou à bas coût à l’international, depuis qu’il a été frappé en février par un embargo européen et du G7. Ce qui, quelque part, est une bonne nouvelle.

Malheureusement, au Maroc, ce n’est pas le cas. En effet, les entreprises spécialisées dans l’importation et la distribution des produits pétroliers pour répondre aux besoins du marché national ne reflètent pas l’opportunité sur le prix de vente de ce carburant à la pompe des stations-service. Et dans l’affaire, c’est le consommateur marocain qui trinque. 

Les prix actuellement tournent autour de 12 dirhams le litre, et ce pour toutes les entreprises de distribution de carburant actives au Maroc qui ont recours ou non à l’importation de gasoil russe, que ce soit par l’intermédiaire de leurs sociétés mères ou par le biais de sociétés de médiation. Bref, on importe tant et si bien de ce gasoil russe comme si de rien n’était et pourtant… l’alternative semble avoir des plombs dans l’aile.  

Said El Baghdadi, Directeur général d’Afriquia SMDC, a nié récemment que son entreprise importait du carburant de Russie. En effet, il a confirmé qu’Afriquia SMDC faisait ses emplettes dans pays méditerranéens, du Moyen-Orient et des Etats-Unis. Cela dit malgré l’imposition de sanctions à la Russie et la fixation d’un plafond sur le prix de son gasoil par l’UE, le Maroc n’a pas imposé de restrictions sur ses approvisionnements en produits pétroliers d’origine russe. 

Le Royaume a plutôt saisi l’opportunité d’importer du charbon pour contrôler la facture de production d’électricité, selon Mustapha Baitas, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec le parlement, et Porte-parole du gouvernement, lors d’une précédente conférence de presse. 

En référence aux données du ministère de l’Économie et des Finances, il avait indiqué que la part des importations marocaines de gasoil russe était de 9 % en 2020, et elle est tombée à 5 % en 2021, avant de passer à 9 % en 2022. Avec le début de l’année, coïncidant avec les sanctions contre la Russie, le pourcentage des importations de gasoil russe est passé à 13 % entre le 1er janvier et le 27 février, ce qui indique que les sociétés de distribution de carburant au Maroc profitent de cette opportunité.  

El Houssine El Yamani, président du Front National pour la Sauvegarde de la raffinerie la Samir (FNSS) et secrétaire générale du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) a déclaré à Hespress que « bien que certaines entreprises internationales soient les seules à importer du gasoil russe et à le distribuer directement ou indirectement au Maroc, la convergence est encore sévère dans les prix appliqués » par les distributeurs au Maroc.  

El Yamani a indiqué que « les sanctions imposées par l’Union européenne début décembre dernier sur le pétrole brut russe ont conduit à son plafonnement à 60 dollars le baril, et à 100 dollars le baril pour le gasoil, mais cela ne s’est pas répercuté sur les prix en vigueur au Maroc ». Le syndicaliste a déclaré en outre que « les prix en vigueur aujourd’hui sont plus élevés que ceux qui étaient avant la levée de la subvention en novembre 2015. La marge bénéficiaire par litre est d’environ un dirham pour le gasoil et environ de deux dirhams pour l’essence, sans parler des rabais sur le gasoil russe qui fournissent d’autres marges pour les entreprises ».  

Le secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz estime en outre que « la réduction des prix du carburant et ses répercussions sur le coût de la vie au Maroc nécessitent de profiter des nouvelles opportunités du marché pétrolier en acquérant du pétrole russe et en le raffinant à la raffinerie de Samir, ce qui garantira de bénéficier des remises offertes sur le pétrole russe et des marges de raffinage actuellement élevées » 

Source : Hespress